La personnalité obsessionnelle

Publié le par l'Araignée

Il s’agit de l’une des personnalités psychopathologiques les plus fréquentes.



Les critères du DSM IV

Mode général de préoccupation pour l’ordre, le perfectionnisme et le contrôle mental et interpersonnel, au dépend d’une souplesse, d’une ouverture et de l’efficacité, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes :

  • préoccupations pour les détails, les règles, les inventaires, l’organisation ou les plans au point que le but principal de l’activité est perdu de vue
  • perfectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches (par ex, incapacité d’achever un projet parce que des exigences personnelles trop strictes ne sont pas remplies)
  • dévotion excessive pour le travail et la productivité à l’exclusion des loisirs et des amitiés (sans que cela soit expliqué par des impératifs économiques évidents)
  • est trop consciencieux, scrupuleux et rigide sur des questions de morale, d’éthique ou de valeur (sans que cela soit expliqué par une appartenance religieuse ou culturelle)
  • incapacité de jeter des objets usés ou sans utilité même si ceux-ci n’ont pas de valeur sentimentale
  • réticence à déléguer des taches ou à travailler avec autrui à moins que les autres se soumettent exactement à sa manière de faire les choses
  • se montre avare avec l’argent pour soi-même et les autres ; l’argent est perçu comme quelque chose qui doit être thésaurisé en vue de catastrophes futures
  • se montre rigide et têtu

Données épidémiologiques

Ce trouble touche 4% de la population générale et est plus fréquent chez les hommes.

Caractéristiques psychopathologiques

Les symptômes principaux sont le perfectionnisme, le fait d’être méticuleux, le souci de l’ordre (matériel, moral ou social), l’indécision, la froideur émotionnelle et la psychorigidité. On retrouve ces différents symptômes dans le « caractère anal » qui associe :

- le souci de l’ordre et de propreté, qui s’accompagne d’une grande méticulosité, dune ponctualité rigoureuse et de perfectionnisme. Il en découle dans le domaine moral une fidélité aux engagements, une attitude scrupuleuse dans les obligations et le sens du devoir.

- Le sens de l’économie qui peut aller jusqu’à la mesquinerie voire l’avarice. la difficulté à partager et à donner va de pare avec le goût de la possession et conduit souvent à amasser (provisions, collections).

- L’entêtement obstiné qui rend compte de la ténacité, de la persévérance de ces sujets qui sont peu influençables. Cela s’accompagne volontiers d’autoritarisme.

L’obsessionnel s’attache aux détails et n’arrive pas à dégager des vues d’ensemble ; il perd du temps et ne peux pas terminer les taches qu’il s’est fixées, lesquelles sont souvent trop compliquées, démesurées, mal adaptées. Hésitant entre plusieurs perspectives qui comportent chacune leur avantage, l’obsessionnel hésite, ne se décide pas, laisse passer d’excellentes occasions.

Relations interpersonnelles et expression affective

Ces sujets sont décrits comme froids, impassibles, ayant une forte tendance à l’intellectualisation et ceci afin de se préserver des débordements émotionnels qu’ils redoutent. Il leur semble normal de dire que les sentiments comme la peur, la haine, l’amour peuvent se raisonner, s’organiser et se conclure rapidement. Sur ce fond général de rétention respectable, des éruptions volcaniques peuvent survenir qui font soudain sauter toutes les défenses. Ce sont alors des déchaînements agressifs, colère, vengeance, règlements de compte amoureux ou financiers qui sont d’autant plus incontrôlés que l’obsessionnel a peu d’expérience de la vie affective.

Ils sont fréquemment qualifiés d’égoïstes, voire d’autoritaires avec leur famille, en faisant passer leur activité professionnelle avant leur vie familiale.

Malgré tout, les relations interpersonnelles peuvent être bonnes, peuvent être remarquablement bien adaptées, surtout si leur activité professionnelle sollicite leur trait de personnalité. Cependant, le sujet ne fait pas confiance aux autres, non pas parce qu’il se sent persécuté par eux, mais parce qu’il pense qu’ils ne feraient pas aussi bien que lui. Il trouvera toujours quelque chose à redire sur ce que l’autre a fait.

Style cognitif

Le style cognitif est basé sur la logique, le raisonnement, le respect de la morale et l’importance du détail ce qui conduit le sujet à avoir une vision analytique des situations. Néanmoins, les hésitations et le perfectionnisme produisent souvent une sorte de mal être cognitif qui se caractérise par l’impression que les idées se bousculent dans la tête et apr l’impossibilité pour le sujet de hiérarchiser les idées et les taches à accomplir.

Perception de soi

Ils se considèrent volontiers comme sérieux, responsables et efficaces. Ils évitent de s’introspecter. Ils aiment bien la vérité mais il s’agit le plus souvent de leur vérité.

Perception des autres

Les autres sont perçus comme irresponsables, imprévisibles, insouciants, légers, inconséquents.

Les pensées automatiques sont du type :

  • « je suis responsable de moi même et des autres »
  • « je sais ce qui est bien »
  • « il faut faire les choses parfaitement »
  • « les fautes sont intolérables »
  • « une personne qui s’est trompée doit être punie »
  • « je dois contrôler mes émotions »

Adaptation et évolution

L’évolution va être variable. On note au fur et à mesure de l’évolution des troubles une dégradation au niveau de l’adaptation professionnelle et familiale. Ces troubles ont tendance à s’aggraver avec l’âge et au fur et à mesure, la capacité de résistance de l’entourage diminue.

L’évolution peut se faire soit vers un trouble obsessionnel compulsif, soit vers un épisode dépressif majeur.

On note un lien fréquent entre personnalité obsessionnelle et trouble des conduites alimentaires.

Hypothèses explicatives

Il s’agit de l’un des troubles les plus expliqués par la psychanalyse, explication qui prend sa source au niveau du stade sadique anal sur lequel resterait fixé le sujet. La psychanalyse met l’accent sur les mécanismes de défense utilisés qui sont l’isolation, la formation réactionnelle, le déplacement et la sublimation. La propreté excessive serait une formation réactionnelle contre le goût de la saleté.

Les théories cognitives ont mis l’accent sur les règles éducatives rigides que l’on peut repérer dans les familles des patients présentant ce trouble. Ces familles sont décrites comme rigides, où le rôle de chacun va être spécifié, et comme ayant peu d’expression émotionnelle.

Prise en charge

Elle va mettre l’accent sur la modification de la perception des autres afin que le sujet apprenne à leur faire confiance et à leur déléguer des tâches.

Elle passe par l’apprentissage des émotions.

Voir aussi...

Ouvrage:

Mini DSM IV

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